Accueil Compagnons Métiers À la ferme Exode rural Chemins de fer Destin

  Vers 1860, l'arrivée du chemin de fer dans les campagnes favorise l'exode rural. C'est bientôt la fin du Tour de France à pied pour les Compagnons et la fin d'une époque glorieuse... Bienvenue dans les temps modernes !

Avant l'arrivée du train les gens se déplaçaient peu. Les voyages étaient longs et donc coûteux. Il fallait plus d'une semaine pour aller de Saint-Brieuc à Paris par la malle-poste, et pendant tout ce temps, descendre à l'auberge, et donc dépenser une petite fortune. L'arrivée du chemin de fer change la donne : la capitale n'est plus qu'à une journée de route. On peut manger et dormir dans le train, qui s'avère un moyen de transport de masse, rapide et économique. Les campagnes s'ouvrent alors sur le monde. La succession immuable des générations s'interrompt. Les gens bougent, les choses changent. Chacun peut rêver d'un autre destin. Beaucoup d'enfants de paysans pauvres tentent leur chance à la ville et deviennent "homme de peine" ou "bonne à tout faire". Paris a un besoin considérable de main-d'œuvre, et les Bretons sont appréciés. C'est ainsi que mon aïeul François Robert, journalier en Bretagne, puis conscrit à Versailles, ville de garnison importante, a préféré s'établir sur place, dans cette région des Yvelines proche de Paris, et donc touchée depuis longtemps par l'exode rural. Il a trouvé facilement du travail comme cantonnier aux Essards-le-Roi, et il n'est jamais retourné en Bretagne.
Cependant, si l'arrivée du chemin de fer dans les campagnes accélère l'exode rural, il précipite aussi le déclin du Compagnonnage.
Vers la fin du siècle, en effet, le mouvement compagnonnique traverse une profonde crise d'identité, aggravée par des dissenssions internes. Il n'attire plus la fine fleur de la jeunesse française, il est en pleine décadence : il apparaît comme une survivance d'un passé révolu, une institution anachronique et folklorique, vouée à une mort prochaine.
Les nouvelles techniques de construction, l'emploi du verre et du fer notamment, alors que les Compagnons travaillent traditionnellemnt le bois et la pierre, la disparition de l'atelier artisanal au profit de l'usine, qui embauche massivement des femmes, des enfants et des manœuvres sans qualification, l'urbanisation et la massification, le machinisme et le capitalisme, autant de bouleversements rapides qui désorientent les tenants de la tradition compagnonnique. L'activité artisanale fait place à la production de masse : désormais, l'économie est conçue pour le grand nombre. Le travail se déshumanise et se désacralise. Les compagnons perdent bientôt le monopole d'embauche qui faisait leur force depuis des siècles. La jeunesse ouvrière se détourne d'un Compagnonnage moribond, et s'en remet aux syndicats de masse pour défendre ses intérêts. Les effectifs du mouvement fondent rapidement. En quelques années, une tradition millénaire se perd.

source : La naissance du chemin de fer T.D.C. n°797 06/2000           Bienvenue dans les temps modernes !

Accueil Compagnons Métiers À la ferme Exode rural Chemins de fer Destin

meilleur site

metiers manuels

annuaire gratuit

Les meilleurs sites sur l'Histoire